Un militaire ivoirien témoigne
Nous avons un groupe au corridor de Man. Et, vers 10h, on nous a fait
appel pour maintenir l'ordre à cet endroit investi par les patriotes.
Au moment où on allait, les soldats français avaient déjà pris trois de
nos collègues en otage. Ils les ont désarmés et les ont fait coucher
sur le goudron. Donc, les patriotes se plaignaient et s'inquiétaient du
sort qui leur est réservé.
Quand les Français nous ont aperçus, ils se
sont mis en position de combat. Le lieutenant Bakayoko avec qui nous
nous sommes rendus au corridor a dit d'appeler le colonel Yedess pour
la conduite à tenir face à cette situation. Son collègue, le lieutenant
Bakayoko, nous a néanmoins conseillé de ne pas dégager les
manifestants, mais d'attendre sur les lieux. En attendant les
instructions de nos supérieurs hiérarchiques, le premier char français
qui a démarré en toute vapeur et qui a failli se renverser a commencé à
marcher sur les civils. L'autre char qui était au milieu et doté d'une
arme 12-7 avec un sniper s'est mis à tirer. Il a tiré sur nos deux
éléments qui portaient les armes lourdes. Le premier est tombé et est
mort sur le champ. il s'appelle Nogbou Narcisse. Le deuxième Séry
Rodolphe, qui postait notre AA52, était porté derrière notre maison de
garde. Il a également été abattu par les Français qui n'hésitaient pas
à tirer partout, sur tout ce qui bouge.
Entre-temps, plus de 75 chars
qui constituent le gros lot du convoi continuaient de traverser le
barrage. Certains sont descendus pour nous chercher partout. On était
caché et ils ne nous voyaient pas. Quand les derniers chars passaient,
ils ont tiré sur l'école et j'ai pris un obus qui a détruit l'arbre
sous lequel j'étais caché et m'a blessé à la cuisse gauche”.
Propos recueillis par Vincent Deh, (envoyé spécial)
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