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par yakro time » févr. 06, 08 1:24 am
Le président du RDR se compare à Nelson Mandela - Ouattara dévalue le leader historique de l’ANC
Les Ivoiriens croyaient connaître le président du RDR sous toutes ses coutures. Mais sa tentative de se comparer, lors du dernier congrès de son parti, à Mandela, mérite réflexion.
“Nelson Mandela a été emprisonné. Mais quand il est arrivé au pouvoir, on a vu ce qu’il a fait. ADO, c’est le Nelson Mandela de la Côte d’Ivoire ». On aurait pu en rire si cette allégation venait d’un partisan zélé ou d’un admirateur du président du RDR aveuglé par sa passion. Mais que cela vienne d’Alassane Ouattara lui-même n’est pas loin d’une hérésie. Alassane Dramane Ouattara parle de lui-même et se compare à un icône comme Mandela.
Pourtant, le fossé entre les deux hommes est si grand que la comparaison peut être qualifiée de criminelle.
Le monde entier connaît la vie, la détermination, le courage et le patriotisme de Nelson Mandela. Né le 18 juillet 1918, Nelson Mandela fait ses études universitaires en Afrique du sud et s’installe comme avocat à Johannesburg. En 1944, il adhère à l’ANC pour contribuer à lutter contre l’injustice que constitue l’apartheid. Son courage et son intelligence le propulsent assez rapidement dans le peloton de tête du mouvement et il devient le leader de l’ANC. Il se donne corps et âme à sa mission qui est de lutter pour plus de justice dans une Afrique du sud où règne la pire politique ségrégationniste appelée apartheid. Un jour du mois de juin 1964, il est arrêté et condamné à la réclusion à perpétuité.
Détenu avec le matricule 466/66 à la prison de Robben Island, il engage des négociations avec le gouvernement raciste. Celles-ci déboucheront sur la chute du gouvernement et la tenue des premières élections multiraciales en Afrique du sud.
C’est en février 1990 que Nelson Mandela est libéré après un séjour de 28 ans en prison. Jamais, il n’a refusé d’assumer ses actes, jamais il n’a abandonné ses compagnons sur le terrain, face au danger, jamais il n’a louvoyé avec son idéal, jamais il n’a usé de mensonge pour s’échapper. Mandela a été un vrai militant. Mais sa plus grande victoire est d’avoir mis fin au racisme en prônant la réconciliation nationale.
Le parcours d’Alassane Ouattara est tout le contraire de celui du leader sud africain.
Il n’y a aucune trace de militantisme dans le parcours d’Alassane Ouattra jusqu’à son arrivée en 1990 à la tête d’un comité interministériel mis en place par feu le président Houphouët-Boigny. Ce qu’on sait de lui par contre, c’est qu’il a été fonctionnaire dans certaines institutions financières internationales telles que FMI et la BCEAO. C’est d’ailleurs de cette dernière institution qu’il est venu en Côte d’Ivoire alors que le pays faisait face à une grave crise économique. Il est même à se demander s’il a pris une carte de militant du PDCI-RDA à son arrivée en Côte d’Ivoire. En tous les cas, Ouattara est aussitôt parti pour le FMI quand il a perdu son face-à-face avec Bédié à la mort d’Houphouët-Boigny en décembre 1993. C’est vrai que dès sa naissance en 1994, le RDR se réclamait de lui, mais il était déjà au FMI et ne militait pas dans ce parti jusqu’à ce que, par un tour de magie, il vienne prendre la tête du parti le 1er août 1999. Avant cette date donc, nul ne connaît à Alassane Ouattara une activité militante. Ni dans un parti politique, ni dans une organisation de défense des droits de l’homme.
Alors comment peut-il se comparer à un militant convaincu ? Un homme qui a passé toute sa jeunesse en prison parce qu’il défendait une cause collective noble ?
Au demeurant, depuis son entrée en politique, Alassane Ouattara n’a défendu que sa cause personnelle. Même s’il prétend qu’il lutte pour la reconnaissance des droits des ressortissants du nord, il sait lui-même qu’il ne s’agit que d’un alibi. Parce que tous les ressortissants du nord ivoirien n’ont pas un problème de nationalité. C’est lui Ouattara qui a un problème de nationalité et non tout le peuple du nord. A contrario, tous les Noirs d’Afrique du sud étaient confrontés de la même façon à la ségrégation raciale. Les lois de l’apartheid ne faisaient pas la différence entre les Noirs.
Sur ce point donc, le combat de Mandela n’est pas comparable à celui de Ouattara.
Enfin Alassane Nelson Mandela n’a jamais renié la lutte armée de l’ANC pour contraindre le pouvoir raciste d’Afrique du sud à accorder aux Noirs les mêmes droits qu’aux Blancs. Il a assumé jusqu’au bout. Ouattara, lui, n’a jamais reconnu qu’il est l’instigateur de la tentative de coup d’Etat qui s’est muée en rébellion. Il n’a jamais reconnu être le vrai parrain de la rébellion quand bien même tous les signes le désignent comme tel.
Alors vraiment, qu’est-ce qui rapproche tant Mandela et Ouattara pour que ce dernier se proclame subitement et à la surprise générale « Mandela ivoirien » ? Si ce n’est de l’opportunisme politique, ce ne peut être qu’une hérésie.
Agustin Kouyo et Paul D. Tayoro Notre voie
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