15 Avril 2006 - 15h35
En soutenant le président Deby, Paris cherche à gagner du tempshttp://cache.20minutes.fr/img/photos/af ... hoto00.jpg" alt="Jacques Chirac et le président tchadien Idriss Deby Itno, à Paris le 25 novembre 2005" align="left">Patrick Kovarik AFP/Archives ¦ Jacques Chirac et le président tchadien Idriss Deby Itno, à Paris le 25 novembre 2005
En apportant un soutien mesuré au régime du président tchadien Idriss Deby, qui fait face à une rébellion armée, Paris cherche à "calmer le jeu" sur le terrain et gagner du temps, pour avancer le moment venu des solutions au conflit.
Deux jours après un assaut des rebelles du Front uni pour le changement (Fuc) sur
N'Djamena, le calme semblait revenu samedi, tant dans la capitale qu'à Adré, le long de la frontière soudanaise.
De source militaire française proche du dossier, on estime que le week-end de Pâques devrait être calme, même s'il n'est pas exclu que d'autres opérations de la rébellion soient en préparation. Les rebelles qui ont attaqué N'Djamena, environ 600 hommes selon desestimations françaises, ont subi des pertes importantes, mais "il restedes éléments épars" et d'autres offensives rebelles pourraient avoirlieu, sans qu'il soit possible de dire quand. Les rebelles du Fuc ont affirmé de leur côté n'avoir effectué qu'un "repli tactique".
Ancienne puissance coloniale, la France dispose actuellement au Tchad de 1.350 hommes et de plusieurs avions, dont six Mirage F1.
Lié au Tchad par un accord de coopération militaire, la France est venue en aide à plusieurs reprises cette semaine au régime du président Idriss Deby, qu'elle estime "légitimement élu".
L'armée française a ainsi tiré un coup de semonce jeudi sur une colonne rebelle, transporté le même jour et vendredi une quarantaine de soldats tchadiens et leurs armes vers la frontière centrafricaine, et elle fournit du renseignement militaire aux autorités tchadiennes.
La France reste ainsi aux côtés du régime tchadien, tout en répétant qu'il est hors de question qu'elle entre dans la bagarre pour sauver le président Deby, que Paris juge très affaibli, après 15 ans de pouvoir. Selon une source proche du dossier, Paris cherche à "calmer le jeu" et faire taire les armes, tout en maintenant le contact avec l'opposition démocratique au Tchad, qui veut boycotter l'élection présidentielle prévue dans moins de trois semaines. Et face à une opposition armée très divisée.
Le régime tchadien est en effet menacé à la fois par le Fuc, dont le chef, le capitaine Mahamat Nour Abdelkerim, de l'ethnie tama, est lié au pouvoir soudanais, et par le Socle pour le changement, l'unité nationale et la démocratie (Scud),
dirigé par des membres de l'ethnie zaghawa du président Deby, qui ont fait défection. "Si Idriss Deby tombe, il y a un risque de chaos, car il n'y a personne en face. Une coalition hétéroclite anti-Deby ne fait pas une véritable opposition et il n'y a pas de cadres prêts à prendre la relève", indique un diplomate.
Il souligne que "les événements de ces derniers jours peuvent avoir le mérite de déclencher une ouverture politique, et pourquoi pas une conférence nationale". L'idée de se réunir autour d'une "table de négociations" est également évoquée par une source militaire française.
Pour contribuer à stabiliser la situation, Paris a exercé une pression importante sur le Soudan, que le Tchad accuse de soutenir la rébellion.
Jacques Chirac a consulté notamment le président en exercice de l'Union africaine Denis Sassou Nguesso, président du Congo, qui a demandé au Conseil de sécurité de l'Onu de se pencher sur la situation au Tchad.
Le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, ont ainsi fermement condamné jeudi l'offensive rebelle contre le régime tchadien et appelé Tchad et Soudan à s'abstenir d'actes hostiles l'un contre l'autre.