Rafraichir la liste des Recentes Discussions sur ABIDJANTALK FORUM
Coupe d'Afrique des Nations    by Aristide ba… 23 Jan 2024, 13:19
Côte d’Ivoire : stèle de Boua…    by Rytchie 14 Sep 2023, 22:01
Quand l'OTAN menace d'interve…    by Aristide ba… 27 Sep 2022, 9:23
La vie en hiver en Europe. Je…    by Aristide ba… 15 Sep 2022, 9:44
La France re-installe Compaoré    by Aristide ba… 11 Jul 2022, 7:29
Les vrais barons de la drogue…    by sam kehi,le… 8 Jun 2022, 4:50
Les laboratoires en Ukraine, …    by Observateur… 6 Jun 2022, 16:21
Ukraine - Points faibles des …    by Aristide ba… 1 Jun 2022, 10:42
Mali: Comment Macron fera chu…    by Aristide ba… 30 May 2022, 10:09
Le sénateur Français Christia…    by Aristide ba… 17 May 2022, 8:04
Morceau choisi: Frantz Fanon    by sam kehi,le… 28 Apr 2022, 18:29
Racisme en Ukraine : les blan…    by Observateur… 2 Apr 2022, 14:20
... autres recents topics


Qui a peur du référendum?

L'arbre à palabre où tous les problemes se reglent
Invité
Qui a peur du référendum?

Message par Invité » déc. 20, 04 6:03 am

  «Pourquoi la France et ses alliés ont peur du référendum»

Le Courrier d'Abidjan - 12/19/2004 8:02:24 PM



Interview – Jeux politiciens à l’Hémicycle, tractations avec le PDCI, questions de droit, médiation M’Béki, position de la France… Williams Atéby, député de Yopougon, évoque tous les sujets sans langue de bois.

Par Théophile Kouamouo et David Youant

M. le député, le groupe parlementaire FPI a entériné l’amendement sur l’article 35. Ce qui a entraîné une confusion au sein de la population ivoirienne. Comment peut-on comprendre ce vote ? Est-ce à dire que l’article 35 est déjà changé ? Le référendum est-il toujours d’actualité ?

Je voudrais dire, dans un premier temps, qu’il s’agit d’une prise en compte. Cela veut dire que par ce vote, l’Assemblée nationale a pris en compte le projet de révision de l’article 35 de la Constitution. Ce n’est donc pas un vote au sens d’une décision prise et qui a été arrêtée. C’est juste que l’Assemblée admet ou accepte que la procédure continue de suivre son cours et qu’elle aille à l’étape suivante ; qui est inéluctablement le désarmement. Il n’y a donc pas de débat à avoir sur le référendum, pour la simple raison que les dispositions constitutionnelles sont claires à ce sujet. Le référendum aura lieu.

Mais, selon certaines interprétations, c’est au chef de l’Etat de dire le dernier mot…

Il n’a même pas à avoir le dernier mot ! A la limite, la seule chose qu’il peut faire, c’est de fixer la date du référendum. En tant que garant de l’Administration, il peut décider de la tenue du référendum à une date précise, car ayant un certain nombre d’informations qui indiquent que l’environnement est propice pour organiser le référendum à telle ou telle date. Parce qu’avant ce référendum, nous allons tourner et faire campagne du Nord au Sud. Et chacun aura l’occasion de dire ce qu’il pense à propos de la révision de notre Constitution. Mais le dernier mot ne reviendra pas au chef de l’Etat dans le sens où c’est à lui décider qu’il n’y aura pas de référendum. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, et ça n’a aucun sens. Et comme il le rappelait lui-même lors du congrès des jeunes patriotes le samedi dernier à l’hôtel Ivoire, il faut lire les articles 126 et 127 de Constitution ivoirienne, pour savoir ce qui va se passer. Tout le reste n’est que de la simple diversion.

Mais n’empêche que le chef de l’Etat a déjà violé la Constitution, en vous soumettant le projet de révision de l’article 35, alors que le pays est toujours divisé en deux et les rebelles toujours armés…

La question est discutable, pour deux raisons principales. Premièrement, dès l’instant où l’armée française a détruit les aéronefs des FANCI et a laissé entendre qu’elle ne permettrait pas que – dans la logique du respect de l’embargo – des armes arrivent chez les rebelles, on peut en déduire qu’il y a eu désarmement de fait et considérer, par ricochet, que nous ne sommes plus dans le schéma initial, c’est-à-dire avec deux armées qui se font face. Et donc dès cet instant, la procédure ne se passe pas dans les mêmes conditions. Cela peut être discuté, c’est vrai, et je l’admets. Parce que les rebelles sont encore en armes et le pays reste toujours divisé. Mais nous sommes dans une situation très délicate et tout ce que nous pouvons faire pour ramener la paix dans notre pays – sans heurter violemment la Constitution – nous le faisons. Deuxièmement, je ne crois pas que cela soit une violation dans le sens strict du terme, parce que nous n’avons plus une armée rebelle outillée, entraînée et équipée en face de nous. Nous sommes dans une situation voulue par la France. Aussi la saisine de l’Assemblée nationale me semble-t-elle tout à fait logique.

Partagez-vous l’explication de certaines personnes qui avancent que vous vouliez faire plaisir au président M’Beki, en acceptant de retirer votre amendement, qui rappelait que le présent projet de loi (sur l’article 35) devrait être soumis à référendum ?

Non, pas du tout ! Il ne s’agit pas de faire plaisir à qui que ce soit. Toutefois, nous lui sommes reconnaissants pour le travail qu’il abat pour notre pays. A mon humble avis, je pense que le président M’Beki est plus sincère, plus outillé intellectuellement, matériellement, à jouer véritablement le rôle de médiateur dans le conflit ivoirien. En revanche, ce n’est pas pour lui faire plaisir que nous avons retiré notre amendement. Lequel d’ailleurs n’était qu’un rappel des dispositions de la Constitution. Mais les camarades du PDCI ont estimé que ce n’était pas nécessaire et que c’était redondant. Et comme nous ne voulions pas faire de blocage, alors, nous avons opté pour le retrait de notre amendement, parce que la procédure elle-même est toute tracée. A moins qu’il y ait un coup d’Etat et une dissolution des institutions, comme je l’entends dire.

Il y a eu des tractations entre le FPI, le PDCI et les autres groupes parlementaires autour de l’article 35. Mais aujourd’hui, on s’interroge sur la volonté du PDCI d’aller au référendum. Vous qui avez été au cœur de ces tractations, qu’est-ce que vous pouvez nous en dire ?

Je dois dire que c’est douloureux. Nous, nous avons introduit l’amendement et il y a eu un débat, au cours duquel les députés du PDCI ont pris fait et cause pour une proposition qui a été faite par quelqu’un d’autre qui n’est pas du FPI. Et bizarrement, c’est contre cette proposition, soutenue par le FPI et les autres membres du G7, que les députés PDCI ont fait un amendement.

Est-ce à dire que c’est le PDCI qui a demandé qu’on évoque le référendum dans l’amendement ?

Non. Au départ, c’était nous. Mais ils ont trouvé que le terme référendum tel que nous l’avions écrit, pouvait choquer et qu’il fallait qu’on l’enlève. Il y a donc eu un débat, mais nous étions tous d’accord qu’il fallait écrire un amendement qui parlait de référendum, sans toutefois évoquer le terme. Ils ont donc proposé qu’on écrive : «la prochaine loi sera modifiée conformément aux articles 126 et 127 de la Constitution». L’article 126, c’est le référendum ; le 127, c’est la nécessité de réunifier le pays. Ce sont eux qui l’ont proposé. Cependant, une fois dans la salle, ils ont laissé entendre que leurs mandants leur ont dit qu’il fallait qu’ils enlèvent l’article. Ils en avaient tellement honte que, au lieu de voter contre, ils ont préféré s’abstenir. Première grande surprise. Deuxième surprise, on voit le PDCI proposer un amendement contre son propre amendement. Mais au fond, on se rend compte que dans cette Assemblée-là, il y en a qui doivent des comptes quotidiens, minute après minute, à des personnes qui sont à l’étranger et que, manifestement, ces personnes ne demandent même pas leur avis.

Quand vous parlez de personnes hors du pays, à qui faites-vous allusion ?

A toutes ces coteries aussi bien à l’Elysée qu’ailleurs à Paris. A toutes ces personnes qui essaient de tirer les ficelles à partir de la France. C’est aussi à tous ceux qui croient qu’en Côte d’Ivoire, nous n’avons pas une vie institutionnelle à laquelle il faut obéir.

Supposons que la modification de l’article 35 arrive au référendum…

Ne supposez même pas. Dites que ça va arriver au référendum. C’est un processus qui est déjà tracé.

Ok, donc le texte est soumis au peuple, qui se prononce à travers le référendum. Mais au décompte final, on se rend compte que le «non» l’emporte sur le «oui». Ne croyez-vous qu’on risque de retourner à la case départ ?

Non, pour la simple raison qu’on aura eu la preuve que c’est la volonté du peuple. Et tout le monde en tirera les conséquences, à commencer par Ouattara et la France. Moi, en tant qu’Ivoirien, je suis prêt à me soumettre à la décision finale du peuple.

Appellerez-vous à voter «oui» ou «non» ?

Le parti dont je suis membre ne s’est pas encore prononcé sur le sujet, mais franchement, est-ce que vous avez besoin de me poser une telle question pour savoir dans quel camp je vais me situer ? Si vous suivez mon regard, je crois que vous avez compris. Mais en l’état actuel des choses, le parti dont je suis membre n’a pas encore donné son mot d’ordre.

Vous êtes très introduits dans certains milieux internationaux, notamment en France. Pouvez-vous nous dire ce que pense la France de la modification de l’article 35 par voie référendaire ?

Ils ne sont plus très chauds pour la modification de l’article 35 par voie référendaire, pour la simple raison qu’il est très peu probable que la volonté du peuple aille dans le sens qu’ils souhaitent. Je pense que la constance de la résistance des Ivoiriens devant toutes ces formes d’agressions, a fini par les convaincre du fait que les Ivoiriens peuvent aller très loin pour défendre leur pays. Et je crois qu’à la limite, pour certains, le référendum n’est plus d’actualité. Et comme vous le dites si bien, on risque d’avoir fait toutes ces gymnastiques-là pour rien. Et ç’aura été le grand échec de la diplomatie française et de tous ceux qui ont voulu, par cette forfaiture, contraindre le peuple à accepter ce qu’ils veulent. Ils ne veulent pas le référendum, mais ils ne peuvent pas le dire ouvertement. Mais je crois qu’au stade où nous sommes arrivés, les jeux sont déjà faits.

C’est-à-dire ?

C’est-à-dire que nous irons au référendum et tout le monde devra s’attendre à se soumettre à la volonté du peuple.

Maintenant que vous avez laissé passer l’article 35, qu’est-ce que vous attendez alors de la rébellion ?

Nous n’attendons plus grand’chose de la rébellion. C’est plutôt de la France et de la communauté internationale ; qu’elles permettent rapidement (et quand je dis rapidement, c’est d’ici à la fin de l’année) la réunification du pays. Et que dans le mois de janvier 2005, il ne s’agisse plus que du redéploiement de l’administration.

Comment décririez-vous le président sud-africain, Thabo M’Béki ? Comment le percevez-vous ?

Je le trouve très organisé, méticuleux, patient et très bosseur. Il nous est arrivé, sur les trois jours que nous avons passés à Johannesburg, de travailler de 15h à 02h du matin. En plus d’être méthodique, il travaille comme un consultant. C’est aussi quelqu’un qui aime l’Afrique et qui veut aider la Côte d’Ivoire à sortir de la crise qu’elle traverse.