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par Eve » nov. 15, 17 9:33 pm
© Reuters La situation était encore confuse mercredi matin au Zimbabwe mais l'armée semblait avoir pris le contrôle du pays.
C'est l'un des plus vieux présidents du monde. Robert Mugabe, 93 ans, est-il sur le point d'être poussé vers la sortie au Zimbabwe? La situation n'est pas encore très claire dans le pays, mais les choses se sont accélérées ces dernières 24 heures. L'armée a pris position dans Harare, la capitale du Zimbabwe, mais a démenti toute tentative de coup d'Etat. A la télévision, le général Sibusiso Moyo a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une "tentative de renverser le gouvernement". Le JDD fait le point.
Robert Mugabe est-il toujours président du Zimbabwe?
Depuis mardi soir, l'armée a pris position dans les rues d'Harare lors d'une opération destinée, selon elle, à éliminer des "criminels" de l'entourage du président Robert Mugabe, qui règne d'une main de fer sur le pays depuis 1980. Des véhicules blindés barraient dans la matinée les accès au Parlement, au siège du parti au pouvoir, la Zanu-PF, et aux bureaux dans lesquels le chef de l'Etat réunit généralement ses ministres. Dans une allocution télévisée, le général Sibusiso Moyo a indiqué que le président était "sain et sauf" et que sa sécurité était "garantie". Des échanges de tirs nourris ont été entendus dans la nuit de mardi à mercredi près de la résidence privée de Robert Mugabe dans la capitale Harare. Robert Mugabe a affirmé au président sud-africain Jacob Zuma qu'il était "confiné dans sa maison" mais qu'il était en "bonne santé".
Le président sud-africain Jacob Zuma a également dépêché deux de ses ministres au Zimbabwe. "Le président envoie la ministre de la Défense et des Anciens combattants, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, et le ministre de la Sécurité d'Etat, Bongani Bongo, au Zimbabwe pour rencontrer le président Robert Mugabe et l'armée zimbabwéenne", a indiqué la présidence dans un communiqué.
#Zimbabwe Military take over video published on#ZBC TV at 4am local time pic.twitter.com/5zfplo80h3
— Dewa Mavhinga (@dewamavhinga) 15 novembre 2017
Pourquoi cette crise politique?
L'entrée en scène de l'armée intervient en pleine crise ouverte entre Robert Mugabe et le chef de l'armée, après le limogeage la semaine dernière du vice-président Emmerson Mnangagwa, longtemps présenté comme son dauphin. "Il ne s'agit pas d'une tentative de renverser le gouvernement", a assuré dans la nuit le général Sibusiso Moyo. "Nous ne faisons que viser les criminels qui entourent" le chef de l'Etat, a-t-il poursuivi en lisant une déclaration, "dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale".
Après plusieurs jours de très vives tensions, l'opération de l'armée, jusque-là considérée comme un pilier du régime, constitue un défi à l'autorité de Robert Mugabe, qui à 93 ans est le plus vieux dirigeant en exercice de la planète. Lundi, le chef d'état-major, le général Constantino Chiwenga a publiquement dénoncé lundi la décision du chef de l'Etat de limoger le vice-président Mnangagwa. L'armée pourrait "intervenir" si cette "purge" ne cessait pas au sein du parti présidentiel, avait-il mis en garde.
Le parti du président a accusé en retour mardi le militaire de "conduite relevant de la trahison" et dénoncé sa volonté de "perturber la paix nationale" et "d'encourager au soulèvement". L'irruption de l'armée sur la scène politique zimbabwéenne, a fortiori contre Robert Mugabe, est inédite. "Le silence du gouvernement après les déploiements militaires tend à confirmer que le président Mugabe a perdu le contrôle de la situation", a estimé Robert Besseling, analyste à la firme britannique EXX Africa risk consultancy.
L'ancien vice-président Mnangagwa, 75 ans, a été démis de ses fonctions et a fui le pays, après un bras de fer avec la Première dame, Grace Mugabe, 52 ans. Il a accusé la deuxième épouse du président d'avoir tenté de l'empoisonner pour l'éliminer, suscitant une vive réaction de l'intéressée qui a obtenu son éviction, comme elle s'était déjà débarrassée il y a trois ans de la vice-présidente Joyce Mujuru.
Figure controversée connue pour ses accès de colère, Grace Mugabe, qui dirige la puissante Ligue des femmes de la Zanu-PF, compte de nombreux opposants au sein du parti au pouvoir et du gouvernement. Avec le limogeage du vice-président Mnangagwa, Grace Mugabe s'est retrouvée en position idéale pour succéder à son époux. A la tête depuis 37 ans d'un régime autoritaire et répressif, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018, malgré son grand âge et sa santé fragile.
(Avec AFP)