venir depuis la Centrafrique un autre groupe de rebelles musulmans pour se
protéger. Les rebelles séléka.
Je pense
que c’est ce groupe-là qui a dû tuer les démobilisés à Bouaké aujourd’hui.
Je commence à croire que sa fin est proche.
MF
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style="background: white; margin: 0cm 0cm 0pt; line-height: normal; vertical-align: baseline; mso-outline-level: 2;">http://www.lynxtogo.info/index.php/47-l ... ed_op#span
style='color: black; font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 18pt; text-decoration: none; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR; text-underline: none;'>La Côte d’Ivoire face à ses démons [ Par Leslie Varenne] DéPour la quatrième fois en six ans, des
mutins ont tenu la Côte d’Ivoire au bout de leurs kalachnikovs. Pendant
quatre jours, une grande partie d’Abidjan et presque toutes les villes de
l’intérieur ont été sous leur contrôle. Ce dernier accès de fièvre, n’est en
réalité rien d’autre que le énième soubresaut de la guerre de 2011 qui n’en
finit pas de livrer ses spasmes. Si cette guerre n’a pas produit des effets
aussi visibles et délétères que celle qui a eu lieu en Libye, elle a néanmoins
engendré une crise systémique qui secoue le pays à intervalles réguliers. Le
Président Alassane Ouattara est un des premiers responsables de cette
situation, mais il en est aussi le prisonnier. Comme en Irak en 2003, l’armée
républicaine de Côte d’Ivoire a été totalement déstructurée par cette guerre.
Depuis son accession au pouvoir, il est un chef sans armée, dépendant des
commandants de l’ex-rébellion qui l’ont aidé à s’installer. En six ans d’exercice, il n’a pas su,
pas pu ou pas voulu remédier à cette situation. Il n’a donc pas eu d’autre
solution que de plier, de satisfaire les exigences des soldats insoumis et de
payer les 7 millions de CFA réclamés par chacun des 8400 insurgés,
quitte à sortir de cette séquence très affaibli (1). De toute évidence, il n’y
avait pas d’alternative, puisque l’armée « loyaliste » ne montrait aucune
velléité d’aller mater les mutins. Les supplétifs de 2011 au coeur de la
crise Qui sont les hommes qui se sont soulevés
? Pendant la crise postélectorale, une époque où les deux Présidents se
disputaient le pouvoir, le clan d’Alassane Ouattara a multiplié les appels
envers les militaires pour que ces derniers rejoignent son camp. Mais, il y a
eu très peu de désertions. Lorsqu’en janvier 2011, il a été décidé par les US,
la France, l’ONU et Alassane Ouattara de déloger Laurent Gbagbo de la
présidence par la force, Il a fallu créer une armée de toutes pièces pour
combattre l’armée républicaine. Le camp Ouattara disposait déjà des
soldats rebelles des Forces Nouvelles (FAFN) qui occupaient le Nord du pays
depuis 2002 mais le compte n’y était pas, à peine 9000 hommes en intégrant tous
les corps, armée, police, gendarmerie. Ils ont alors recruté environ 30 000
jeunes désœuvrés, quelques-uns étaient des Ivoiriens du Nord du pays mais la
majorité était composée de ressortissants des Etats de la sous-région, tous
musulmans. Ces recrues ont bénéficié d’une formation très sommaire de deux
mois, de la fin janvier à la fin mars 2011. Cet entraînement a eu lieu à Bouaké
deuxième ville du pays contrôlée, à l’époque, par les Forces Nouvelles dirigées
par Guillaume Soro. Le 17 mars 2011, Alassane Ouattara
signait une ordonnance et créait les FRCI ( Rebelles) (Forces Armées de Côte d’Ivoire) pour
officialiser cette armée de bric et de broc composée des anciens rebelles, des
nouvelles recrues et des quelques déserteurs de l’armée de Laurent Gbagbo. Pour
participer à ce conflit des promesses de dons, 12 millions de CFA plus
une maison, ont été faites à ces jeunes gens. A la fin de la guerre, certains
ont bénéficié du programme Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (DDR).
D’autres ont été intégrés dans l’armée. Ce sont ces derniers qui ont manifesté,
kalachnikov à la main. Lors de leur dernière mutinerie en
janvier 2017, ils avaient obtenu un premier versement de 5 millions de CFA, le
solde devant être mensualisé sur sept mois. Mais aucun argent n’était arrivé
sur leur compte. Maintenant que le paiement a été effectué, il serait logique
de penser que la guerre de 2011 est enfin soldée. Il n’en est rien. D’une part,
il reste la maison promise ; d’autre part, tous les démobilisés à qui Alassane
Ouattara avait également promis monts et merveilles pourraient également
réclamer ce qu’ils pensent être leur dû. A ce groupe, il faut ajouter également
les anciens rebelles des FAFN qui n’ont pas eu le privilège d’être intégrés
dans l’armée. En tout, combien sont-ils exactement ? Lors d’une table ronde sur le DDR à
l’Institut Français de Relations Internationales (IFRI), où intervenait le
général Bruno Clément-Bollé, le nombre de 69 506 ex-combattants a été
avancé (2). Ce chiffre paraît très élevé, s’il s’avérait réel, compte tenu, en
prime, des quantités d’armes en circulation dans ce pays, la Côte d’Ivoire
n’est pas au bout de ses peines (3)… Le Far-West D’autant que ce ne sont pas les seuls à
pouvoir demander des primes. Après la mutinerie de janvier, les Forces
spéciales avaient, elles aussi, revendiqué bruyamment et elles avaient obtenu
un bonus de 17 millions CFA (4). Puis les doléances s’étaient étendues aux
gendarmes, à la pénitentiaire etc. Les ex-FDS, ceux qui étaient en poste sous
Laurent Gbagbo, avaient également fait valoir leur cause, mais il leur avait
été répondu qu’aucune prime ne leur avait été promise, et que par conséquent,
aucun montant ne leur serait versé ! Les Dozos, chasseurs traditionnels qui ont
également participé au conflit dans le camp Ouattara pourraient revendiquer à
leur tour…
Avant-guerre, l’armée ivoirienne, restructurée sous le Général Gueï,
(1999-2000), composée d’environ 60 000 hommes, gendarmerie comprise,
était républicaine, bien formée et intégrait toutes les ethnies qui composent
ce pays. A la fin de la guerre, de nombreux soldats loyaux à Laurent Gbagbo ont
déserté par crainte de représailles. Ceux qui sont restés ont été souvent
méprisés, ils ont été placés sous les ordres des anciens commandants de zone de
la rébellion qui avaient des méthodes peu orthodoxes et assez éloignées de la
rigueur militaire. Ils se sont retrouvés dans des situations où des
analphabètes donnaient des ordres aux Saint-Cyriens. En outre, pour ces soldats
comme pour la majorité de la population, il est difficile d’admettre que ces
recrues de 2011 soient récompensées sur le budget de l’Etat alors qu’ils se
sont livrés à des massacres, notamment dans l’Ouest du pays, à des pillages et
à de multiples exactions.
Pour autant ces ex-FDS n’ont pas envie d’aller risquer leur vie pour éviter au
Président Alassane Ouattara de payer une promesse qu’ils considèrent comme une
dette privée. Les ex-soldats des FAFN reversés dans l’armée ne se montrent pas
plus enthousiastes pour aller frapper « leurs frères du Nord ». Les ex-
commandants de zone de la rébellion, devenus milliardaires, aspirent à profiter
de leur vie luxueuse et n’ont pas plus envie de retourner au charbon. Quant à Guillaume
Soro, l’ex-chef rebelle devenu honorable Président de l’Assemblée Nationale,
il joue ses propres cartes et son avenir politique. Le camp Ouattara le surveille et le
soupçonne d’avoir été plus pyromane que pompier dans l’affaire de la mutinerie.
Des armes auraient été retrouvées dans la maison de la mère de son porte-parole
à Bouaké. Vrai ou faux ? Que Guillaume Soro détienne des armes n’est pas
un scoop. En avril 2016, le groupe d’experts de l’ONU l’avait accusé de
disposer d’un arsenal impressionnant acquis en violation de l’embargo sur les
armes (5). Au passage, avec cette déclaration les Nations Unies s’étaient
ridiculisées, puisque ce sont elles qui étaient chargées de faire respecter cet
embargo en place depuis 2002. Par ailleurs, personne ne sait ce qu’est devenu
cet arsenal. Le roi est nu Que pourra faire le Président ivoirien
si d’autres soulèvements enflamment le pays ? La poignée de fidèles sur
laquelle il peut encore s’appuyer n’y suffira pas. Depuis fin 2015, il a embauché un bataillon de
mercenaires, 400 à 500 Centrafricains appartenant au groupe des rebelles
musulmans de la Séléka. Cantonnés à Séguéla dans le Nord du pays, ces hommes ont été rapatriés
sur Abidjan dernièrement, mais là encore le compte n’y est pas.
D’autant qu’un malheur n’arrivant jamais
seul, la force de maintien de la paix des Nations Unies en Côte d’Ivoire
(ONUCI) présente dans ce pays depuis 2002 a retiré ses soldats cette année (6).
Son sous-secrétaire général, El Ghassim Wane a déclaré, sans rire, en
octobre 2016 « Nous sommes aujourd’hui dans un pays en paix et réconcilié
avec lui-même ». Reste l’armée française, avec les 900 hommes des Forces
Françaises de Côte d’Ivoire (FFCI) qui pourront seulement sécuriser les
entreprises et les ressortissants français et européens, sauf à demander, bien
entendu, une résolution des Nations Unies et des renforts extérieurs. Le poison lent… Mais si la situation de l’armée est par
la force des choses et des armes, la plus visible, un venin insidieux se
diffuse souterrainement : celui de la division ethnique. Le procès de la Cour
Pénale Internationale (CPI) qui ne juge qu’un seul camp, la justice des
vainqueurs en Côte d’Ivoire, la politique de « rattrapage ethnique »
mise en place par Alassane Ouattara commencent à produire leurs effets
délétères. De part et d’autre, les positions se radicalisent, cela se sent dans
les échanges avec les Ivoiriens et sur les réseaux sociaux. Les appels aux
mutins ont été fait en Malinké ce qui est tout de même fort curieux pour une
armée qui devrait être républicaine. Le ministre, Amadou Soumahoro,
s’est lui aussi adressé à des militants du RDR, parti d’Alassane Ouattara, dans
cette langue et les a harangués sur le thème « il y a dix ans, tu n’avais
pas le droit de porter un boubou ou d’afficher tes convictions religieuses » (7).
Plus grave encore, dans l’Ouest du pays, on assiste à un remplacement de
populations. Les autochtones catholiques et animistes voient leurs plantations
séquestrées par des ressortissants musulmans de la sous-région. Sans moyen de
survie, les expulsés de force sont dans l’obligation de quitter leurs villages
et viennent grossir les banlieues populaires surpeuplées d’Abidjan. Par ailleurs, depuis six longues années,
des milliers de réfugiés croupissent toujours dans des camps au Ghana, au
Libéria et au Togo. Ils ne peuvent toujours pas rentrer chez eux, leurs maisons
étant le plus souvent occupées par les Maliens et les Burkinabés qui se sont
dès la rebellion de 2002 lancés à la conquête des terres fertiles de l’Ouest. Les stratégies aveugle et inconséquente
des US, de la France, des Nations unies et d’Alassane Ouattara qui ont conduit
à cette guerre de 2011, n’en finissent pas de produire leurs effets toxiques.
Mais pour éviter d’avoir à assumer un nouvel échec retentissant après une
intervention militaire désastreuse, ils continuent de soutenir un pouvoir
moribond et honni par la majorité de la population. L’histoire est réécrite,
les problèmes du pays sont cachés sous le tapis et masqués par un taux de
croissance à deux chiffres qui, au passage, ne bénéficie qu’à un très faible
pourcentage de la population. Pour autant, les maux ne disparaissent
pas, au contraire ils s’aggravent au fil des années et mettent le pays en péril
alors que le risque djihadiste est aux portes de la Côte d’Ivoire… C’est un
stratégie de très courte vue, à court et moyen terme le soutien extérieur
apporté à Alassane Ouattara s’avère parfaitement contreproductif. En
prime, il nuit à l’image de la France en Afrique qui est rendue
responsable de tous les malheurs ivoiriens puisque c’est son armée qui a
installé le Président ivoirien au pouvoir.
Leslie Varenne
Source: iveris.eu