Julien a écrit :Me Koureyssi Bâ (avocat sénégalais) : “ La France doit se rendre à l’évidence que le colonialisme est révolu ”
Terre d’hospitalité, patrie de l’espérance, le pays de feu le président Félix Houphouet-Boigny occupe, en effet, le devant de la scène bien malgré lui, et ce, depuis le déclenchement, en septembre 2002, d’une rébellion armée qui a eu pour première conséquence la partition du territoire entre un Nord occupé par les rebelles des Forces Nouvelles et le Sud tenu par le président Laurent Gbagbo et les Forces loyalistes.
Grand défenseur du n°1 ivoirien qu’il a soutenu au cours des procès intentés contre lui au début des années 90, Me Cheikh Koureyssi Bâ du Barreau de Dakar se singularise, depuis le début de la crise en Côte d’Ivoire, par ses prises de position dans les débats organisés çà et là par les médias sénégalais.
Se prévalant d’une connaissance avérée du dossier ivoirien, Me Bâ n’hésite pas à sortir des sentiers battus et à asséner des vérités que nul ne voulait admettre au début et qui sont devenues aujourd’hui, à la faveur de l’escalade enregistrée par le conflit, des évidences. Entretien avec celui que l’on surnomme le Vergès africain et qui préfère se définir, plus simplement, comme l’avocat des causes justes.
Maître, quelle lecture faites-vous de la crise ivoirienne ?
Me Koureyssi Bâ : Je vous remercie. Pour Gramsci, il y a crise lorsque l’ancien est fini et que le nouveau tarde à s’installer. C’est bien de cela qu’il est question en Côte d’Ivoire. Depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir, ce pays oscille entre un ordre ancien qui a fait la preuve de ses limites -amplement stigmatisées par les partenaires au développement- et un ordre nouveau ambitionnant de se substituer à lui.
La Côte d’Ivoire, d’un point de vue systémique, est le théâtre de la farouche opposition entre deux visions du monde, entre deux projets, tendant, l’un, à refonder une autre Côte d’Ivoire, et l’autre à perpétuer la domination et la mainmise françaises sur ce pays.
Toujours de ce point de vue, pour comprendre la situation imposée à ce pays depuis le 19 septembre 2002, les événements survenus au Mali en 1991 et en Guinée en 2000 (pour citer deux pays voisins du Sénégal) offrent une excellente grille de lecture. L’intérêt de l’examen de ces deux pages sanglantes est de nous aider à retenir une leçon fort simple : la France ne badine pas avec ses intérêts et quel que soit le parti ou le groupe de partis au pouvoir à Paris (le PS en 1991, la Coalition en 2000, la Droite en 2002), la politique africaine de la France reste inchangée. Elle se caractérise par le non-droit, la ruse, la violence, le tout servi avec un raffinement sans égal dans le cynisme.
Et le comble, c’est que la France sait pouvoir compter, toujours, sur le dévouement servile de ses marionnettes et de ses bons petits nègres de service qui n’ont cure du jugement de l’Histoire et qui répondent présent quand il s’agit de planter le couteau dans le dos d’un frère téméraire qui ose dire non au maître.
C’est un réquisitoire plutôt sévère que vous dressez. N’exagérez-vous pas un peu le rôle et l’action de la France qu’on présente pourtant comme le sauveur de la Côte d’Ivoire ?
Me K.B. : Ne me faites pas rire, voulez-vous ! Si vous avez la patience de m’écouter, je vais tenter d’étayer rapidement mon propos. Faisons un peu d’histoire. Vous le savez peut-être, feu le président Houphouet-Boigny, après son désapparentement avec le Parti communiste français, en 1950, a siégé, en guise de récompense, dans cinq gouvernements successifs à Paris.
Sans surprise, quand, en 1960, la Côte d’Ivoire accédait à l’indépendance, elle n’a, tout au plus, à l’instar de l’écrasante majorité de nos pays, fait que remplacer le système direct par l’administration indirecte. La France a arraché son drapeau de la main droite et l’a replanté sur notre sol avec sa main gauche. Avec la signature des accords de coopération, le pays d’Houphouet-Boigny confirme qu’il reste au service des intérêts français. A titre d’exemple, 50% des recettes fiscales du pays sont versés par les entreprises françaises installées dans cet eldorado de notre sous-région ouest-africaine.
Aujourd’hui, les secteurs de souveraineté sont contrôlés par ces mêmes intérêts français : l’eau, l’énergie, les télécommunications, les transports publics, auxquels secteurs il faut ajouter le pétrole, l’exploitation de l’or et du diamant, le chantier du troisième pont d’Abidjan avec en prime le contrôle de la Société ivoirienne de raffinage. Presque tout cela, d’ailleurs, est entre les mains d’un seul homme : Bouygues, Martin de son prénom, roi mondial du béton, propriétaire de TF1 et d’une kyrielle d’organes de presse.
Son ami et associé dans de nombreuses affaires, son protégé et en même temps défenseur, Nicolas Sarkozy, a, quant à lui, un problème fort compliqué à résoudre : réaliser les promesses électorales que le président Chirac, le miraculé de la dernière présentielle, avait été tenu de faire sous la pression de Jean-Marie Le Pen, notamment la lutte contre l’insécurité et la lutte contre l’immigration.
Sarkozy, tout comme De Villepin à qui il a laissé la patate chaude de la place Beauveau (NDLR : le ministère de l’Intérieur), a son idée sur la question. Il a opté pour un retour massif des fortes communautés ouest-africaines, notamment maliennes et burkinabé, dans leur pays moyennant de fortes indemnités, aussi bien pour les intéressés que pour les Etats. Dans ce plan, la Côte d’Ivoire est incontournable puisqu’à elle seule, elle peut jouer le rôle de bassin de rétention de cette immigration ouest-africaine.
Mais cela tombe vraiment mal puisque c’est le moment choisi par Gbagbo pour créer un Office de l’immigration et de l’identification en Côte d’Ivoire sous la houlette du brillant Emile Boga Doudou, un fidèle parmi les fidèles. Ce prometteur fils de l’Afrique a été affreusement assassiné par les terroristes armés et financés par Paris au soir même de son retour d’une visite rendue à son homologue et confrère Sarkozy. Maître d’oeuvre du projet d’identification, l’excellent Boga Doudou était, en fait, l’ennemi numéro 1 des rebelles.
Tuo Fozié, le sanguinaire chef des terroristes devenu homme d’Etat par la grâce de Linas-Marcoussis, a d’ailleurs levé un coin de voile en plein meeting à Bouaké le 27 octobre, meeting couvert par leurs alliés de TV5, en avouant : “C’est parce qu’il y a trop d’injustice, d’arbitraire, d’exclusion entre Ivoiriens, d’une part, que nous avons pris les armes afin que tout cela cesse. Nous continuerons de nous battre tant que ces problèmes persistent. C’est donc pour vous, pour l’égalité de tous que nous nous battons. En Côte d’Ivoire, il y a de la place pour tout le monde”.
Si cela ne vous suffit pas, je vais vous donner une illustration supplémentaire. Dans “Le Figaro” du 18 octobre (vous savez à qui appartient ce torchon), dans un article intitulé : “La fin annoncée de Laurent Gbagbo”, le député Ump Axel Ponatowski, fils de son père, proche de Sarkozy et De Villepin, membre de la puissante Commission de la Défense de l’Assemblée nationale, avait entamé les mêmes philippiques tenant à l’exclusion et à la xénophobie, avant de décréter, pince-sans rire : “ Si Laurent Gbagbo ne se démet pas, la Côte d’Ivoire se dirige vers la guerre civile, soit vers une solution militaire, forcément provisoire”, et d’ajouter : “ Alassane Ouattara reste un des seuls véritables hommes d’Etat de l’Ouest-africain. Il est une des solutions possibles quand toutes les autres ont échoué (…) Bien que musulman du Nord, il a l’intelligence et le doigté politique pour réussir”.
Pourquoi Ouattara ? Quel est le lien qui l’unit à Axel Ponia et à ses amis ? C’est très simple, Alassane Ouattara et Mlle Dominique Nouvian (de confession juive, multimilliardaire pour avoir été la copine de feu Houphouet-Boigny et surtout la gestionnaire de son patrimoine immobilier à travers le monde) ont été unis par les liens du mariage il y a plus de 14 ans, et cette union a été célébrée à Neuilly par le maire, un certain Nicolas Sarkozy. Ce dernier n’a pas décliné l’honneur d’être le parrain du couple. Lequel va bien lui rendre cette marque d’attachement en finançant ses activités politiques et en permettant à ses puissants associés et clients de fructifier leurs intérêts.
Ça tombe bien puisque Ouattara, pistonné par sa douce moitié, inaugure en grande pompe, avec son gouvernement hyper-corrompu, la politique de privatisation longtemps annoncée. Les procédures de gré à gré utilisées pour céder à ses amis français et parfois au franc symbolique les grosses entreprises publiques monopolistiques vont profondément choquer, d’autant que les bénéficiaires bénis n’avaient encore réalisé la plus petite ligne du cahier des charges au niveau des investissements.
Scandalisés, les députés ivoiriens, du FPI notamment, avaient littéralement rué dans les brancards lors de l’épique débat parlementaire consacré le 9 mars 1993 à la question des privatisations. Et ils avaient été précis dans la prémonition en prévenant que ce ne serait pas une surprise si, demain, les deux ou trois groupes qui contrôlent ainsi les éléments vitaux de leur pays seront tentés de mettre en place les gouvernements de leur choix.
Est-ce à dire… (Me Bâ nous coupe la parole)
Me K.B. : J’arrive. Permettez-moi de continuer. Je tiens à terminer ce point d’histoire. Le reste sera plus facile à comprendre, vous verrez. Où en étais-je ? Ah ! Voilà. Savez-vous ce que Ouattara a dit en décembre 2001 à Abidjan aux maires RDR qui venaient d’être fraîchement élus et qu’il recevait à son domicile en présence de tous les médias du pays ? Retenez votre souffle. Il leur a dit ceci ; je ne vais pas retrancher un seul mot : “ Nous n’attendrons pas 5 ans pour aller aux élections. Après tout, dans certains pays, il y a des coups d’Etat et les gens s’accomodent bien de ces personnes pendant une certaine période. Nous avons des monarchies dans le monde et les gens acceptent bien qu’une personne non élue représente le peuple dans sa totalité. Pourquoi devrions-nous attendre 5 ans pour que vous ayiez ce à quoi vous avez droit et surtout ce que les populations réclament ? Nous avons certaines relations extérieures. Nous avons commencé à les actionner. J’aimerais vous dire aussi que nous avions convenu avec le maire Adama que nous aurons des réunions périodiques pour qu’ensemble, nous puissions développer assez rapidement une stratégie pour la conquête du pouvoir ”.(Pour aymar et compagnie)
En prime, quelques semaines après, son journal a publié à sa Une la carte de la Côte d’Ivoire divisée en deux avec exactement la partition opérée par les terroristes appuyés par la France. Je tiens ce journal à votre disposition .
Plus que de longs discours, ces quelques exemples, je l’espère, attestent de l’implication de la France dans cette crise qui est d’abord la sienne.
Je vous conseille vivement la lecture d’un remarquable ouvrage : “La Côte d’Ivoire : de la déstabilisation à la Refondation” (L’Harmattan), le seul ouvrage abordant sous l’angle économique les crises ivoiriennes de ces dernières années. Il a été écrit, non par des Ivoiriens, ou autres Africains, mais par deux Français : François-Régis Mathieu et Marie-France Jarret, qui expliquent les gros enjeux et annoncent les mesures projetées par Gbagbo et ses amis depuis leurs longues années d’opposition.
Les Africains dignes et de bonne foi gagneraient à se procurer cet ouvrage et à le lire au lieu d’ajouter leur grain de sel dans un débat auquel ils ne comprennent que dalle. Ils comprendront l’activisme de certaines officines et de prétendues organisations domestiques, entretenues et chouchoutées par des réseaux et des cercles bien identifiés. Moi-même je termine un travail qui, je le pense, aidera à mieux connaître les motivations et les techniques de travail de certains haut-parleurs qui pullulent dans nos pays.
A vous entendre, on tombe des nues et se surprend même à avoir soudain une toute autre appréciation du drame ivoirien et même de la vraie personnalité de Gbagbo, un homme que vous connaissez bien, semble-t-il ?
Me K.B. :Vous savez, quand la puissante machine à désinformer des médias occidentaux a fini de faire son travail, il est extrêmement difficile, voire carrément suicidaire, de rétablir la vérité. C’est surtout valable pour les médias français, presse et audiovisuel réunis, qui sont passés de la manipulation, de l’agit-prop et du maquillage de cela et n’est pas au bout de ses peines. Pour la France, l’enjeu est trop sérieux, pour s’embarrasser de scrupules. Gbagbo est dangereux et son exemple risque de faire tache d’huile et de fil en aiguille, c’est l’empire français qui risque de s’écrouler. Tous ceux qui ne veulent pas de cela ont été associés à la lutte anti-Gbagbo qui demeure en ce début de millénaire, le dernier impénitent (l’expression est du général Moussa Traoré).
Les gens ignorent tout de Gbagbo, de son itinéraire, de sa personnalité intrinsèque et donc de sa mission historique de piloter le processus de la renaissance africaine par la révolution. On oublie de noter que ce leader charismatique, africaniste convaincu et patriote au-dessus de tout soupçon, capitalise 30 années d’actions concrètes sous le sceau du socialisme. Elevé à la dure, il a tout enduré pour avoir été le premier à s’opposer à l’icône Houphouet-Boigny et son régime, sans jamais se décourager, sans avoir fait une seule concession et en supportant stoïquement les rigueurs de la vie de galère au militant convaincu.
Les gens font comme si Gbagbo est arrivé au pouvoir par génération spontanée alors que la victoire d’octobre 2000 est l’aboutissement d’une longue et douloureuse marche et surtout le signe précurseur que rien ne sera jamais plus comme avant pour nous tous, les voisins de la Côte d’Ivoire principalement et la puissance tutélaire.
En réalité, en octobre 2000, c’est une nouvelle page qui s’ouvrait après 50 ans de règne sans partage du PDCI-RDA. Le pays est exsangue. Le café, le cacao dont il est le premier producteur, ne sont pas bien rémunérés. Le CFA a perdu de sa valeur, la richesse nationale ne profite qu’aux milieux d’affaires étrangers, le tableau économique fait pitié à voir, tous les clignotants sont au rouge et le manomètre marque danger.
Quand Laurent Gbagbo entrait en fonction, la Côte d’Ivoire était vraiment sur la corde raide. Pour couronner le tout, elle était pratiquement en quarantaine, boycottée par les partenaires bilatéraux et multilatéraux, sevrée de soutiens extérieurs depuis 1998 (du fait des pratiques et de la politique désastreuse de Konan Bédié puis du général Guéi). C’est alors que le miracle va se produire. Il a un nom : la Refondation, et un visage : le FPI, les “socialistes archaïques” comme les appellent en se gaussant les milieux ringardas de la droite française. On ne donne pas cher de leur peau et les experts de l’Hexagone ne parient pas un centième d’euro sur leur longévité au pouvoir. Gbagbo échappe à deux putschs organisés par qui on sait mais il n’en a cure. Il tient à sortir son pays de l’ornière et à lui redonner le lustre qu’il n’aurait jamais dû perdre.
Le sérieux et le courage avec lesquels Gbagbo et son équipe, obligés de compter avec le seul budget sécurisé (c’est-à-dire sans apport extérieur aucun), s’attellent à éradiquer la pauvreté et à lutter contre la corruption impressionnent la Banque Mondiale. Elle décide en janvier 2000 une reprise totale et sans condition de la coopération avec la Côte d’Ivoire.
Suivent immédiatement après l’Union Européenne, le FMI, la BAD, le Club de Paris qui renouent tous avec le pays avant mai 2002.
Le retour de la confiance coïncide avec l’entrée du pays dans la Banque islamique et le vote d’un budget d’assainissement pour permettre la relance de son économie avec, à la clé, une pluie de milliards jamais enregistrée, même après la dévaluation de 1994 et des prévisions de croissance qui se passent de commentaires s’agissant du PIB, et de la sortie du cycle de l’ajustement structurel dès 2004.
C’est dans ce contexte que les forces du mal ont décidé de frapper le 19 septembre 2002, d’autant plus que l’on s’acheminait tout droit vers la rectification des privatisation-bradage du gouvernement Ouattara et que ces socialistes ivoiriens se révélaient comme des durs à cuire.
C’est dans ce contexte que serait donc intervenue la mutinerie du 19 septembre 2002 qui apparaît ainsi comme une frappe chirurgicale ?
Me K.B. : Vous en êtes encore à parler de mutinerie ? Mais c’est une véritable guerre, un carnage pour effacer un régime ! Où est-ce que vous avez vu une mutinerie dans laquelle en moins d’une demi-heure un ministre d’Etat est égorgé dans son sommeil, deux colonels et une dizaine d’officiers massacrés, plus de 100 gendarmes affreusement abattus dans leur lit ainsi que leurs proches ?
Dans quelle mutinerie on utilise des armes lourdes pour pilonner des résidences et des quartiers dont les occupants sont endormis ? Rétrospectivement c’est cette cruauté, c’est cette violence inutile que je ne parviens pas encore à m’expliquer. Avait-on besoin d’une telle barbarie ? C’est exactement comme cela que la France de Mitterand avait procédé en mars 1991 pour faire tomber le général Traoré du Mali, avec à la baguette le parti socialiste et la Fondation France Libertés et avec la complicité involontaire des élèves et étudiants et volontaire des syndicats véreux, d’officiers félons et de criminels à col… démocratique de l’acabit du sinistre Alpha Konaré aux mains tâchées de sang… Dans cette boucherie qu’ils ont eu le cynisme d’appeler révolution malienne, même les malades mentaux errant dans les rues de Bamako avaient été massacrés. Le même procédé a été reconduit à Abidjan avec les assassinats du général Guei et des nombreuses victimes des pseudo-escadrons de la mort, une autre invention des fascistes français. Tout ce beau monde comparaîtra un jour devant le tribunal de l’histoire; je n’en doute pas un instant.
Aujourd’hui, par un paradoxe ironique et inique, c’est cette France-là qui est présentée comme la seule à même de sauver un pays qu’elle a brûlé et voulu plonger dans la guerre civile. Cela me permet de revenir à votre question. En vérité, les gens ne veulent pas pousser l’analyse, sinon il est facile de comprendre.
Rappelez-vous, quand les assaillants se sont réfugiés à Bouaké et Korhogo après avoir été refoulés d’Abidjan. Soit dit en passant, on prétend faussement que ce sont les Français qui les ont chassés d’Abidjan : rien n’est plus faux ! La vérité, c’est que ce sont les FANCI elles-mêmes et les gendarmes, l’effet de surprise passé, et les “Zinzin” et “Bahéfoué” (les jeunes du contingent embarqués à leur insu dans le jeu de massacre) qui ont organisé la riposte et libéré la capitale économique après seulement trois heures de combats extrêmement violents.
Rappelez-vous donc, Laurent Gbagbo, alors en visite officielle dans une capitale européenne, avait immédiatement demandé à la France d’appliquer l’accord de non-agression et de défense qui lie les deux Etats ivoirien et français. La France a rejeté la demande au motif que c’était une affaire ivoiro-ivoirienne. Alors même que Paris savait, comme le quotidien Le Monde le révélera quelques semaines après, que le Burkina Faso, le pays de l’atterrant gars, était le principal agresseur et que tout avait été mijoté en France. Qu’a cela ne tienne, Gbagbo a décidé de libérer le Nord occupé par les terroristes. Avec la vitesse de l’éclair, les FANCI que l’on disait moribondes ont récupéré Korhogo et Bouaké. C’est alors que la France, sur le théâtre des opérations, joua au Judas et que les Fanci purent être repoussées.
Pendant tout ce temps, De Villepin n’a pas cessé de hurler que la solution n’était pas militaire mais politique. C’est dans ce contexte que la diplomatie sénégalaise, volontaire et de bonne foi, parvint à arracher la signature de l’accord de cessez-le-feu. Lequel accord n’a profité qu’aux rebelles, même si l’Etat ivoirien en a profité pour équiper son armée.
Le nom de Alassane Dramane Ouattara est revenu maintes fois dans votre discours. Cette importante personnalité a quand même dirigé le gouvernement ivoirien. Ne pensez-vous pas qu’il est fondamentalement injuste de vouloir l’écarter de la scène et d’entraver ses ambitions ?
Me K.B.: Comme l’a dit Gbagbo, le seul problème de la Côte d’Ivoire est Alassane Ouattara. Il a mille fois raison. Il est vrai qu’il a été le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, le premier d’ailleurs, dans l’histoire de ce pays. Mais il est encore plus vrai que la loi ivoirienne n’interdit pas à un étranger d’être ministre (donc Premier ministre) dans le pays. Ce n’est dit nulle par et la Côte d’Ivoire partage cette particularité avec tous nos Etats où des étrangers ont été au gouvernement.
A ce titre, Houphouet a nommé plusieurs Français et Africains ministres dans le gouvernement ivoirien. Je peux citer, entre autres, Millet, ministre des Travaux publics, Raphael Siller à l’Economie et aux Finances (ces deux français, mission terminée, sont rentrés chez eux), le Malien Mohamed Diawara, au Plan, qui n’a jamais pris la nationalité ivoirienne, Sawadogo de la Haute Volta, à l’Agriculture, qui s’est naturalisé à la fin de son service : Mamadou Thiam, notre compatriote, le Guinéen Sidya Touré, directeur de cabinet de Ouattara devenu à la fin de son service Premier ministre chez lui , etc.
Ouattara a occupé un premier poste à Abidjan : Président du comité interministériel. Cette structure, voulue par Houphouet, préfigurait déjà la Primature qui n’existait pas encore. Et savez-vous qui Ouattara a remplacé à ce poste ? L’architecte français de la basilique Notre Dame de Yamoussoukro. Le problème, en droit, est fort simple. Alassane Ouattara a assumé de hautes fonctions en Côte d’Ivoire, mais cela ne l’absout absolument pas de la procédure de naturalisation.
C’est quand même difficile à admettre et vous aurez du mal, comme le régime de Gbagbo, à faire accepter cette vérité bien commode mais injuste dans son essence ?
Me K.B.: C’était inévitable (il sourit). Vous allez m’obliger à verser dans le juridisme. Je vais être bref et vous expliquer le plus simplement possible le cas Ouattara.
Vous ne le savez peut-être pas, l’Etat tout Etat, pour fonctionner exerce trois compétences : la compétence territoriale, la compétence fonctionnelle et la compétence personnelle. Cette compétence personnelle s’appuie sur le lien juridique qui unit personnellement l’Etat à un individu. Ce lien a pour nom nationalité. En droit, elle se définit comme le lien juridique et politique qui rattache un individu à un Etat souverain.
La Cour permanente de justice internationale (CPJI), ancêtre de la Cour internationale de Justice, a énoncé, le 7 février 1923, le principe selon lequel l’Etat est seul compétent pour déterminer quels sont ses nationaux dans l’état actuel du droit international (il le répète trois fois). Donc les questions de nationalité sont comprises dans le domaine réservé à la compétence exclusive de l’Etat. C’est le cas pour tous les Etats au monde.
Mais pour la France ce ne serait pas le cas pour l’Etat souverain de Côte d’Ivoire. La convention de la Haye du 12 avril 1930 prescrit en son article 1er : “Il appartient à chaque Etat de déterminer par sa législation quels sont ses nationaux”. (il martèle l’article à 3 reprises). Tous les Etats peuvent le faire. Mais la Côte d’Ivoire non.
La cour internationale de Justice, le 6 avril 1955 (affaire Nottebohn), a défini la nationalité comme “un lien juridique ayant à sa base un fait social d’attachement, une solidarité effective d’existence d’intérêt, le sentiment joint à une réciprocité de droits et de devoirs”. Ainsi la Côte d’Ivoire s’est dotée d’un arsenal juridique en la matière : un code adopté d’application. Comme vous le savez, il existe 2 systèmes, utilisés séparément ou conjointement par les législations nationales des Etats : Le système de la nationalité du lien de sang (liens de filiation ou de mariage)
* le système de la nationalité du lieu de naissance. La Côte d’Ivoire a choisi le système de la nationalité du lien de sang, comme la plupart des pays où la fraude sur l’état-civil est un sport national.
Justement, Alassane Ouattara est donc ivoirien
Me K.B. :Laissez-moi poursuivre, je vous prie. Justement, ce système constitue le premier obstacle à la nationalité ivoirienne de Alassane puisqu’il est né à Dimbokro, certes sur le territoire ivoirien donc, mais le pays a choisi, je vous le répète, et ce de manière souveraine, le système de la nationalité du lien de sang.
L’exclusivité que le droit international reconnaît à l’Etat lui confère également la latitude de désigner ses nationaux par voie de naturalisation. C’est pourquoi l’Etat de Côte d’Ivoire a naturalisé des étrangers dont certains frères et sœurs d’Alassane Ouattara qui en avaient fait la demande.
La CIJ, dans l’arrêt précité de 1955, fait de l’existence de l’effectivité du lien de rattachement une condition substantielle, c’est-à-dire dont le défaut ou l’absence constituerait un handicap pour la détermination de la nationalité d’un individu. L’existence de l’effectivité conforte l’action d’un Etat qui prend fait et cause de son national. Ainsi, dans l’affaire Nottebohm opposé au Guatemala, le Liechteinstein a pris fait et cause de son prétendu national. La CIJ a jugé qu’il n’existait pas de rattachement de fait étroit entre le sieur Nottebohm et le Liechteinstein. La Cour déduira dès lors que la nationalité du sieur Nottebohm était inopposable au Guatemala.
Les notions d’exclusivité et d’effectivité appréhendées dans leur fondement permettent de conclure que Alassane Dramane Ouattara n’est pas un national ivoirien en ce que sa situation se prête à la procédure de naturalisation à laquelle il n’a daigné se soumettre.
C’est là que réside le problème de ce garçon. Il vit un drame patronymique qui est le pendant du drame anatomique du roi Midas de Phygie. Ses initiales renferment à la fois les facteurs-chef de succès pour tout homme voulant être roi sur terre (Argent-Diamant-Or), mais aussi les facteurs-clefs d’échec pour un étranger ambitionnant d’être le numéro 1 en Côte d’Ivoire (Abidjan -Dimbokro-Ouagadougou)!Je m’explique. ADO, comme l’appellent ses sherpas, naît en 1942 à Dimbokro, Côte d’Ivoire, de Mossi Dramane et Nabintou Ouattara, Voltaïques. Son père quitte le pays définitivement et l’emmène avec lui. Il sera le chef de son village, Sindou, au Burkina, jusqu’à sa mort, comme ADO lui-même le reconnaît au Forum de réconciliation nationale.
ADO effectue toutes ses études primaires et secondaires jusqu’au Bac, en Haute-Volta. Je peux même vous citer les différents établissements qu’il a fréquentés. En 1962, nanti d’une bourse américaine, l’étudiant de la Haute Volta débarque le 13 août à New-York du bateau le Groot Berr, pour des études sous les auspices de l’ASPAU (African Scholarship Program of American Universities). Président des étudiants voltaïques, il se marie à Barbara, américaine d’origine Jamaïcaine et de confession anglicane. Il accomplit des transactions commerciales et bancaires, achète des immeubles en Côte d’Ivoire en qualité de national Voltaïque. L’épouse de l’ambassadeur voltaïque à Washington, à cette époque, n’est autre qu’une certaine Henriette Dagri, aujourd’hui Diabaté.
En 1967 il entre au FMI. En 1969 candidat au PH. D d’économie le 21 novembre, il prétend lui-même qu’il est voltaïque à l’université de Pennsylvanie. Ses dossiers d’étude voltaïque sont disponibles à l’université Drexel et à l’université de Pennsylvanie. En 1984, il est promu directeur Afrique du FMI puis conseiller du directeur général en 1987. Il est dépeint comme citoyen burkinabé dans le bulletin mensuel de liaison du FMI. Les archives sont là. Vous n’entendrez jamais les Américains parler de cela. Ils savent à quoi s’en tenir vis-à-vis de ce cas, qui ne mérite même pas, pour eux, un début de débat.
Pour refus du poste de ministre de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, il est débarqué par Thomas Sankara de son poste de vice-gouverneur de la BCEAO à Dakar. Grâce à son amie et future épouse Dominique Nouvian, française de confession juive, Houphouet-Boigny lui permet d’accéder au rang de gouverneur de l’institution à la mort de l’ivoirien Fadiga.
Ensuite le président ivoirien, en bute aux tracasseries de sa succession, le nomme président du comité interministériel puis Premier ministre de la Côte d’Ivoire. De façon pragmatique, Houphouet pense que c’est le meilleur choix possible parce que, pour une raison objective (à l’instar d’un Jean Collin), ADO était objectivement disqualifié pour être président de la Côte d’Ivoire.
Au vu de cet itinéraire, on ne peut prétendre que le lien de rattachement à la Côte d’Ivoire tel que prescrit par la CIJ est effectif:
- d’une part ADO et ses parents ont, tout au long de leur vie, démontré qu’ils sont voltaïques même si c’est à 50 ans qu’ADO veut devenir un national ivoirien ;
- d’autre part, selon CIJ, le lien de rattachement d’un individu à un Etat doit être d’une solidarité effective d’existence. Ce qui signifie qu’entre l’Etat et son national doivent s’opérer une osmose, une unicité d’actions. Ils doivent faire corps.
L’effectivité est pour l’Etat et son national ce qu’est la possession d’Etat en matière de filiation entre les enfants et les parents. ADO, par le lien de rattachement dont il se prévaut, je le répète, ne peut donc pas être ivoirien par le lien du sang. Je persiste, je signe deux fois et je le souligne trois fois.(si cela est faux, que doa le poursuive en justice) Le fait qu’il ait assumé les fonctions de Premier ministre ne veut rien dire, sauf qu’il pourrait alors, à sa demande, être naturalisé. Et dans ce cas de figure, la Constitution et le code ivoirien de la nationalité sont formels : il n’est pas éligible à la présidence de la République. N’en déplaise à la France, à ses affidés et mercenaires de la plume, du micro ou autres.
La Côte d’Ivoire a le droit, et même le devoir de refuser une réédition de l’exemple péruvien. Par le système du jus soli, un national japonais, Alberto Fujimori, deviendra président du Pérou. Après avoir ruiné le Pérou, il s’est retiré dans son pays d’origine, le Japon, qui a pris fait et cause pour lui lorsque le Pérou lui a demandé de revenir rendre compte de sa gestion désastreuse.
Le peuple ivoirien, détenteur de la souveraineté, source de la légitimité, a été appelé à voter pour le oui au référendum qui a été organisé le 23 juillet 2000 (notez au passage que c’était sous le général Guei, le pauvre Gbagbo n’était alors que simple député. C’est d’ailleurs pourquoi ADO n’a jamais digéré la trahison de Robert Guéi et avait juré de se venger. Il l’a fait).(on n'a donc pas à chercher qui a tué Guéi) Les Ivoiriens ont donc voté massivement, dans l’ordre et la discipline salués par les dizaines d’observateurs dépêchés pour couvrir le scrutin. Tous les leaders, ADO y compris, les avaient exhortés à voter pour cette Constitution, qui sera adoptée à 86,75 %. Or, que dit-elle, dans sa partie relative aux conditions d’éligibilité ? Ceci, en toute clarté : “Le candidat doit être ivoirien né de parents ivoiriens. Il ne doit jamais s’être prévalu d’une autre nationalité”.
Pourquoi diable ADO a-t-il appelé ses partisans à voter une telle disposition ? Il s’en explique ainsi : “ Je savais que j’étais visé, mais je ne me sentais pas concerné”. C’est vous donner une idée de l’homme pour qui la France veut brûler tout un pays ! Et c’est cette France-là, ironiquement baptisée berceau des droits de l’homme, qui ose exiger l’abrogation de cette disposition au motif que des irresponsables (juridiquement parlant) ont signé un torchon à Marcoussis dans lequel ils s’engagent à l’accepter. C’est valable pour le foncier rural et pour le processus d’identification.
C’est le lieu d’exiger de la France, enfin un peu de respect. C’est vrai, pour elle, nous ne sommes pas tout à fait des hommes, raison pour laquelle ce qui est bon pour elle ne l’est probablement pas pour nous.
Hier c’est la démocratie multipartiste qui était un luxe pour nous. Aujourd’hui un pays de nègres agressé ne doit pas se défendre. Au contraire il doit faire de la place à ses agresseurs et en faire des ministres d’Etat.
Un pays de nègres doit changer sa loi fondamentale parce que tel serait le bon vouloir d’une poignée de terroristes dotés de téléphones satellitaires, de portables avec crédit illimité, de superbes 4x4 et de liasses d’argent volé.
Un pays de nègres ne doit pas libérer une partie de son territoire occupé par des criminels et des violeurs.
Un pays de nègres doit changer ses textes les plus sacrés pour permettre d’avoir une nouvelle nationalité, du travail et l’accès aux terres les plus riches au monde en café, cacao, anacarde et j’en oublie.
J’accepterais tout cela si la France donnait l’exemple, elle qui a le front de s’ériger en donneuse de leçons alors qu’elle n’a plus rien à prouver en matière de violation des droits élémentaires des hommes et femmes qui sont assez fous pour aller trouver asile sur son sol.
En vérité, ceux qui soutiennent Linas-Marcoussis ont une grande responsabilité à assumer devant l’histoire. Linas-Marcoussis n’est autre qu’un minable raccourci emprunté par la diplomatie d’une puissance qui ne nous respecte pas. Le raccourci qui doit aider des gens de sac et de corde, des criminels et des bandits à accéder aux dignités suprêmes chez les nègres. Fort heureusement, la Côte d’Ivoire a Gbagbo.
Cet homme ne donne la pleine mesure de son talent que dans l’épreuve. Historien de formation, il sait que l’histoire le regarde et note ses faits et gestes. Il sait qu’il a un rôle et une mission à accomplir. Il se bat pour nous qui ne le soutenons pas parce que nous sommes formés, modelés, formatés pour dire oui, pour obéir. Il se bat pour nous et, à ce titre, mérite au moins notre respect. Cela, même ses compatriotes les plus intransigeants, les plus radicaux dans leur opposition à sa personne, ont fini par le comprendre. Ils ont fini par se ranger derrière lui. La vérité triomphe toujours du mensonge. Elle sera toujours la seule veuve du temps. La vérité pour laquelle Gbagbo, le champion de la renaissance africaine, lutte de toutes ses forces est très simple à comprendre. Il est temps de décoloniser l’Afrique des Sarkozy, De Villepin et autres. Il est temps que tous les fascistes du monde se rendent à l’évidence : la traite négrière et le colonialisme sont révolus. Ce qui est valable pour Chirac, par exemple, l’est pour Gbagbo. Si on demande à ce dernier de négocier avec des terroristes, qu'on en fasse de même avec Chirac et ses séparatistes basques ou corses.
Si on exige d'un chef d'Etat africain qu'il laisse les étrangers accéder à la nationalité et voter et être candidats, qu'on exige la même chose de son homologue français (dans le pays duquel les étrangers sont exclus même des petits scrutins locaux). Ça c'est pour l'ONU que je le dis et pour les traîtres qui soutiennent activement leurs maîtres français dans leur tentative de renverser à tout prix un fervent patriote et digne fils de l'Afrique. Le problème c'est qu'on reproche au président Gbagbo beaucoup de choses et même ses compatriotes...
Me K.B. : (Me Bâ nous coupe la parole) comme quoi?
Comme son attitude hostile vis-à-vis des musulmans et de l'Islam en général qui expliquerait que les Dioulas se démarquent de lui et de ses proches ...
Me K.B. :Je regrette mais c'est du n'importe quoi. C'est le type même du procès d'intention, j'allais dire du procès en sorcellerie. En vérité vous ne trouverez jamais un homme aussi proche des musulmans et de l'Islam. Vous savez, cette histoire a été montée de toutes pièces par Alassane Ouattara.
A la mort de Houphouët, vous vous en souvenez, ce dernier voulait court-circuiter tout le monde pour occuper le siège du président défunt ; et ce au mépris de la Constitution ivoirienne qui avait pourtant tout prévu s'agissant de la dévolution du pouvoir, de l'intérim, de la suppléance et qui désignait comme remplaçant du président décédé le président de l'Assemblée nationale, en l'occurrence Henri Konan Bédié. Ce dernier avait été placé dans l'obligation de faire du forcing et de déjouer les basses manœuvres de Ouattara, lequel n'exclut pas l'éventualité d'un coup de force avec l'onction de la Cour suprême qu'il s'apprêtait à corrompre ou à l'intimider. L'échec de cette tentative inique de prendre par la force la succession de Houphouët lui est resté en travers de la gorge. C'est ainsi que, sitôt rentré à Paris, il s'est mis à mobiliser les gens autour de ce slogan inventé de toutes pièces, comme quoi en Côte d'Ivoire l'on brimait les musulmans et l'Islam était perçu comme l'ennemi public à abattre absolument. Et pourtant Dieu seul sait ce que cet homme a fait comme mal à l'Islam et aux musulmans.
Pour en revenir à Gbagbo, sachez pour votre gouverne qu'il est le premier chef d'Etat ivoirien à nommer un musulman bon teint, croyant fervent et pratiquant à la tête du pouvoir législatif. En cas de vacance du pouvoir, c'est ce député, président de l'Assemblée nationale, M. Mamadou Coulibaly, qui va lui succéder. C'est une grande première et c'est Laurent Gbagbo 4è président, de la jeune histoire de la Côte d'Ivoire indépendante, qui y a pensé.
Sachez que c'est Gbagbo, encore lui, sans pression aucune, qui a nommé M. Seydou Elimane Diarra au poste de Premier ministre.
Sachez que Gbagbo avait confié la gestion de son parti, le FPI, à un autre musulman, Abou Dramane Sangaré, qui a été en outre ministre d'Etat.
Sachez que les grands postes diplomatiques sont occupés par des musulmans qu'il a mis là sans pression ni calculs. Des dizaines de postes parmi les plus prestigieux dans la haute administration sont confiés à des musulmans par sa seule volonté, au sein de la présidence, dans l'administration centrale et territoriale et à l'extérieur.
Sachez pour votre gouverne que c'est Laurent Gbagbo, lui le 4è président de la Côte d'Ivoire, qui a ouvert une ambassade de son pays à Riyad, en Arabie Saoudite, et inauguré les relations diplomatiques avec ce pays-phare de la Ummah islamique. Il ne s'est pas arrêté là puisqu'il a, sur la lancée, imposé la Côte d'Ivoire comme membre à part entière de l'OCI. Et, pour finir, l'a fait entrer dans le capital de la BID (Banque islamique de Développement). Tout cela a été fait en moins de deux ans au pouvoir et je passe sous silence les excellentes relations qu'il a tissées, de façon toute naturelle, avec les instances musulamnes ivoiriennes et immigrés dans son pays, sans tambour ni trompette.
Vous savez, les ennemis d ela Côte d’Ivoire ont tissé une toile de mensonges extraordinaire mais ils perdent leur temps car la vérité finit toujours par triompher. Comme disait l'autre, la vérité attend, seul le mensonge est pressé . C'est le lieu de vous préciser que le terme "Dioula" ne renvoie pas à une ethnie mais à une profession. Les Dioulas sont des commerçants. On les assimile à tort à toutes les personnes exerçant dans le secteur du commerce et de l'informel alors que ces gens sont des Sénoufos, des Bambaras, des Malinkés, Wolof, Mossi, Peulh et autres. C'est une illustration, une de plus, de l'ignorance de ceux qui parlent d'un pays et d'hommes et de femmes dont ils ne savent à peu près rien, sauf ce que les médias de la haine et du dénigrement occidental veulent bien leur dire...
Propos recueillis par
Abdou Salam Diop
(in “L’Harmattant”, bimensuel sénégalais, N)0854-9056 du 2 janvier 2005)
Commentaires de satya en violet dans le texte! J'ai fait remonter ce topic pour aymar et compagnies! J'attends qu'ils viennent ici dire pourquoi doa ne porte pas plainte pour diffamation contre ce sénégalais qui semble si bien connaitre son histoire!