OUAGADOUGOU - Jacques Chirac a déclaré à l'ouverture du Xe sommet de la Francophonie à Ouagadougou, au Burkina Faso, que la France n'intervenait pas en Côte d'Ivoire pour "imposer sa propre paix" mais pour "éviter la guerre civile et le chaos".
"A quelques heures de route d'ici, l'un de nous traverse une crise profonde qui mobilise la communauté internationale tout entière (...), décidée à tout faire pour enrayer la spirale d'autodestruction d'une nation qui nous est si proche et si chère", a dit le président français.
"Dans ces circonstance graves, je tiens à redire solennellement que la France est l'amie de la Côte d'Ivoire. Elle n'est pas là pour imposer sa propre paix mais pour tenter d'éviter la guerre civile et le chaos", a-t-il ajouté.
Les chefs d'Etat et de gouvernement présents au sommet - près de 25 au total - se penchent sur le développement durable mais également sur les crises dans l'espace francophone.
La situation en Côte d'Ivoire, où la France joue un rôle d'arbitre contesté, doit constituer l'essentiel des discussions à huis clos, avec la crise du Darfour.
Venu de Tripoli, où il avait scellé la veille la réconciliation franco-libyenne, Jacques Chirac espère que le sommet francophone favorisera la réconciliation en Côte d'Ivoire en dépit de l'absence annoncée du président ivoirien Laurent Gbagbo.
Paris s'attend à l'adoption d'une résolution apportant un "ferme soutien" au processus de réconciliation nationale dans cette ancienne colonie française coupée en deux par une rébellion et où les troupes françaises, sous mandat de l'Onu et de l'Union africaine, assurent une mission de paix.
Confrontée à une vague de manifestations antifrançaises à Abidjan, où les partisans de Laurent Gbagbo accusent la force Licorne de se comporter en "troupe d'occupation", la France a dû récemment rapatrier plus de 8.500 de ses ressortissants.
"PAS DE SOLUTION MILITAIRE"
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a reproché pour sa part à Paris d'être intervenu militairement en Côte d'Ivoire, tout en estimant que la France avait "une obligation de présence en Afrique".
A Ouagadougou, Jacques Chirac a souligné qu'en adoptant à l'unanimité la résolution 1572, "le Conseil de sécurité de l'Onu a rappelé avec la plus grande fermeté qu'il ne peut y avoir de solution militaire à cette crise" et "réaffirmé les voies d'un règlement politique qu'attendent depuis trop longtemps la nation ivoirienne et l'ensemble de la région".
Le chef de l'Etat français a abordé la crise ivoirienne dès jeudi soir, veille de l'ouverture du sommet, lors d'un entretien bilatéral à Ouagadougou avec le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, qui préside l'Union africaine.
Jacques Chirac "a apporté son plein soutien aux efforts du président Obasanjo pour ramener les parties (de Côte d'Ivoire) au dialogue", a-t-on rapporté dans la délégation française.
Les deux dirigeants ont également évoqué la situation en République démocratique du Congo, qui avait l'air de se stabiliser jeudi soir après une offensive rwandaise au Kivu.
Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, a insisté sur le fait que la Francophonie était un combat non seulement pour la culture mais aussi pour "la liberté, la démocratie, les droits de l'homme" et en premier lieu "la paix", qui a été "malmenée ou menacée ces derniers temps dans l'espace francophone".
Jacques Chirac a rendu hommage à l'action d'Abdou Diouf, "un artisan infatigable de la paix".
"Sous sa conduite, la Francophonie affirme son rôle politique, elle s'est engagée avec succès dans les actions de médiation", a-t-il dit.