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par Eve » sept. 01, 17 7:22 pm
La Cour suprême du Kenya a invalidé vendredi l'élection présidentielle du 8 août qui avait vu Uhuru Kenyatta l'emporter devant Raila Odinga. Il s'agit de la plus haute juridiction du pays, composée de sept juges dont les arrêts sont définitifs et font jurisprudence. «À la question de savoir si les illégalités et irrégularités ont affecté l'intégrité de l'élection, la Cour est d'avis que c'est le cas», a déclaré son président, David Maraga. Son jugement est sans appel: l'élection présidentielle «n'a pas été conduite en accord avec la Constitution» et le résultat est donc «invalide et nul».
C'est la première fois en Afrique qu'un tribunal suprême annule le résultat d'une élection présidentielle. Un nouveau scrutin doit être organisé dans les deux mois. Raila Odinga, l'opposant à l'origine du recours, devra à nouveau affronter le président sortant Kenyatta.
Dès l'annonce de la décision, les cris de joie des partisans de l'opposition ont retenti aux alentours de la Cour suprême, dans le centre de la capitale Nairobi, où un important dispositif policier avait été déployé, ainsi qu'à Mathare, l'un des bidonvilles de Nairobi, acquis à l'opposition. La coalition d'opposition a immédiatement salué une «décision historique». Raila Odinga a aussitôt mis la pression sur la Commission électorale en affirmant n'avoir «aucune confiance» dans sa capacité à conduire une nouvelle élection. Uhuru Kenyatta a annoncé qu'il n'approuvait pas la décision de la Cour mais qu'il la respectait. «Et encore une fois, je le dis: la paix, la paix, la paix. C'est la nature même de la démocratie» a déclaré M. Kenyatta dans une allocution télévisée.
Uhuru Kenyatta, 55 ans, élu pour la première fois en 2013, avait été proclamé vainqueur le 11 août, avec 54,27% des voix contre 44,74% à l'opposant historique, Raila Odinga, 72 ans, déjà battu en 1997, 2007 et 2013. Dès le lendemain du scrutin, l'opposition avait dénoncé des fraudes et s'était résolue le 18 août à saisir la Cour suprême. Celle-ci jouait là une partie de sa crédibilité. L'annonce de la victoire de Kenyatta s'était accompagnée de manifestations et d'émeutes violemment réprimées par la police, dans lesquelles au moins 21 personnes, dont un bébé et une fillette de neuf ans, avaient été tuées.
Devant la Cour suprême, l'opposition avait obtenu d'accéder à certains documents originaux, dont les procès-verbaux, ses serveurs informatiques et les données GPS des kits de reconnaissance biométrique des électeurs. Cela avait permis aux avocats de pointer du doigt des procès-verbaux non signés ou d'autres ne présentant pas les signes d'authentification prévus par la Commission électorale, autant d'irrégularités portant selon eux sur plus de 5 millions de votes. La Commission avait reconnu avoir décelé quelques «erreurs humaines commises par inadvertance». Mais elle avait assuré les avoir corrigées et les considérait comme trop marginales pour avoir influé sur le résultat global. Elle avait appelé la Cour à ne pas remettre en cause la souveraineté du peuple. Le juge Maraga a ordonné à cette même Commission d'organiser un nouveau scrutin dans un délai de 60 jours, conformément à la Constitution